Guatemala : Des dizaines d’organisations de défense des droits humains expriment leur solidarité avec Ramón Cadena
22 octobre 2025 —L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (OMCT-FIDH) et d’autres organisations et associations de défense des droits humains, en solidarité avec Ramón Cadena, avocat et défenseur des droits humains, appellent à cesser de criminaliser la défense des droits humains au Guatemala. #SolidarityWithRamónCadena.
Les organisations de défense des droits humains soussignées s’adressent aux autorités guatémaltèques et à l’opinion publique nationale et internationale pour leur faire part de leur profonde inquiétude et de leur solidarité sans faille à l’approche de l’audience judiciaire prévue le 23 octobre 2025 contre l’avocat et défenseur des droits humains Ramón Cadena Rámila, dans l’affaire qualifiée par le ministère public de « Botín Político USAC ». M. Cadena est poursuivi à cause de son travail de conseil juridique auprès d’étudiants qui défendent le droit à la liberté académique, une procédure qui, près de deux ans après son lancement, n’est toujours pas résolue.
M. Cadena et d’autres personnes liées à cette affaire doivent comparaître le 23 octobre 2025 à 13 h 30 devant le dixième tribunal de première instance pénale du Guatemala, présidé par le juge Víctor Cruz. Il s’agit d’une audience préliminaire qui pourrait ouvrir la voie à des poursuites pénales, dans un contexte de persécution judiciaire et de criminalisation clairement motivé par son travail en faveur des droits humains et de soutien juridique aux étudiants universitaires.
Ramón Cadena, 70 ans, est un éminent avocat guatémaltèque spécialisé dans les droits humains, dont le travail est reconnu au niveau international, en particulier dans les affaires liées aux droits des peuples et communautés autochtones, et aux droits à la terre et à la justice environnementale. Il a été directeur de la Commission internationale des juristes (CIJ) pour l’Amérique centrale pendant plus de 14 ans, soutenant plusieurs organisations de défense des droits humains et groupes de défense juridique au Guatemala. En 2016, son domicile a été perquisitionné en représailles contre son travail d’avocat et de défenseur des droits humains. Suite à cet incident, la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) lui a accordé des mesures probatoires (CIDH 661-16) qui sont toujours en vigueur à ce jour.
Le 16 novembre 2023, le Parquet guatémaltèque a émis 31 mandats de perquisition et 27 mandats d’arrêt à l’encontre d’étudiants, de membres du personnel universitaire, de défenseur⸱ses des droits humains et d’avocats, pour les délits présumés d’« usurpation aggravée continue », de « déprédation continue des biens culturels », de « sédition continue » et d’« association illicite ».
Les poursuites pénales engagées contre M. Cadena, ainsi que contre 27 autres défenseur·ses, étudiants et professionnels des secteurs universitaire et social, constituent une grave violation du droit de défendre les droits humains, la liberté académique et le droit de manifester pacifiquement. Il convient de noter qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’un schéma systématique de persécution judiciaire, de représailles et de criminalisation contre celles et ceux qui défendent les droits humains au Guatemala, qui expose de nombreux défenseur·ses à des situations de détention arbitraire ou d’exil forcé.
Ces schémas de persécution et d’instrumentalisation du système judiciaire ont été documentés et condamnés par des organismes internationaux, tels que la Commission interaméricaine des droits de l’Homme en 2023, par le représentant spécial de l’Union européenne pour les droits humains à la suite de sa visite au Guatemala en février 2025 et par la rapporteuse spéciale des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats à la suite de sa visite dans le pays en mai 2025.
L’Observatoire rappelle que la criminalisation et la persécution politique des étudiants, du personnel académique, des chercheurs et d’autres membres de la communauté universitaire qui ont participé à l’occupation pacifique de l’USAC en 2022 violent les principes interaméricains sur la liberté académique et l’autonomie des universités tels que reconnus par la CIDH. Elles bafouent également les droits à la liberté d’association, à la liberté d’expression et au droit de défendre les droits humains, tel qu’ils sont consacrés par les instruments internationaux auxquels l’État guatémaltèque est partie.
À la lumière de cette audience clé, l’Observatoire appelle les autorités guatémaltèques à :
Garantir le déroulement effectif, public et équitable de l’audience du 23 octobre 2025, dans le respect de l’indépendance judiciaire et des procédures régulières.
Révoquer immédiatement le mandat d’arrêt lancé contre le défenseur des droits humains Ramón Cadena et ceux émis contre d’autres défenseur⸱ses pour leur rôle dans des procédures sociales et académiques légitimes.
Cesser immédiatement les poursuites et la persécution judiciaires de Ramón Cadena, des étudiants et de tous les défenseur⸱ses des droits humains liés à l’affaire de l’USAC.
Clore définitivement cette affaire criminelle à motivation politique visant à intimider celles et ceux qui exercent leur droit de défendre des droits.
Mettre en œuvre des politiques efficaces de protection et de réparation globale pour les défenseur·ses criminalisés, y compris des garanties de non-répétition et des voies de retour sûres et dignes pour celles et ceux qui ont été contraints de quitter le pays.
Le monde entier observe attentivement ce qui se passera le 23 octobre 2025.
Solidarité internationale avec Ramón Cadena et tous les défenseur⸱ses des droits humains au Guatemala. #SolidarityWithRamónCadena
Organisations signataires :
- Afghanistan Democracy and Development Organization (Afghanistan)
- Anti-Jindal & Anti-POSCO Movement (JPPSS) (Inde
- Asociación para una Ciudadania Participativa (ACI PARTICIPA) (Honduras)
- Cambodian Center for Human Rights – CCHR – – Cambodge –
- Centro de Derechos Humanos Paso del Norte (Mexique
- Centro de Prevención Tratamiento y Rehabilitación de las Víctimas de la Tortura y sus Familiares CPTRT (Honduras)
- Cátedra UNESCO de Desarrollo Humano Sostenible (Espagne)
- Comité des Familiares de Víctimas de los Sucesos de Febrero-Marzo de 1989 (COFAVIC) (Venezuela)
- Comité Permanente por la Defensa de los Derechos Humanos (Équateur)
- Comité de Solidaridad con los Presos Políticos (Colombie)
- Consejo del Pueblo Maya CPO (Guatemala)
- Coordinadora Nacional de Derechos Humanos (Pérou)
- Due Process of Law Foundation (DPLF) (Régional)
- Ethiopia Human Rights Defenders Center (EHRDC) (Éthiopie)
- FIAN Germany (Allemagne)
- Front Line Defenders (International)
- Grupo belga Solidario con Guatemala (Belgique
- Human Rights Center Viasna (Biélorussie)
- Human Rights Awareness Center (Néal)
- International Commission of Jurists – Commissioner Wilder Tayler (Uruguay)
- La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur·ses des droits humains (International)
- Juristas Solidarios (Espagne)
- Justiça Global (Brésil)
- Liga Mexicana por la Defensa de los Derechos Humanos (Mexique)
- Movimiento Unificado Francisco Sánchez 1932 MUFRAS - 32 (El Salvador)
- Otros Mundos Chiapas/Amigos de la Tierra México (Mexique)
- Programa Venezolano de Educación Acción en Derechos Humanos (Venezuela)
- Servicio Paz y Justicia (SERPAJ) (Argentine)
- Unidad de Protección a Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala (UDEFEGUA) (Guatemala)
- Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur⸱ses des droits humains international (Internationale)
- Women Protection Organisation (WOPO) (Nigeria)
- Xumek (Argentine)

