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10 Novembre 2025

Formation: 16 défenseur⸱ses s'engagent auprès du Forum des ONG et de la Commission africaine pour un impact local

Du 15 au 22 octobre, 16 défenseur·ses venus de toute l'Afrique ont participé au programme de renforcement des capacités de l'ISHR sur la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) dans le cadre de la 85e session de cet organisme.

À travers tout le continent, les défenseur⸱ses des droits humains (DDH) jouent un rôle essentiel dans la promotion de la justice et d'une vie digne pour tous, qu'ils défendent la liberté d'expression et d'association, veillent à ce que les gouvernements rendent des comptes, ou luttent pour l'égalité des sexes.

Cependant, les DDH continuent de faire face à de graves difficultés malgré leurs nombreuses contributions à la société : restrictions de leur liberté d'expression, de réunion et d'association, criminalisation de leur travail, restrictions de l'accès des ONG aux financements et augmentation du nombre d'attaques de la part des gouvernements sur tout le continent. Ces pressions s'intensifient souvent pendant les périodes électorales — sept élections sont prévues en Afrique en 2025 — et dans un contexte de troubles persistants de l'ordre constitutionnel dans certaines régions du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest.

La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) reste pour les DDH un moyen régional essentiel de plaider en faveur des droits humains. Créée en 1981 en vertu de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, elle a notamment pour mandat de promouvoir et de protéger les droits humains par le biais de la surveillance, de la documentation, de l'engagement d'experts et du dialogue avec les États. Pourtant, la Commission africaine reste sous-utilisée par la société civile, souvent en raison d'une connaissance insuffisante ou de difficultés à s'y retrouver dans ses procédures.

Pour aider à combler cette lacune, l'ISHR et Front Line Defenders (FLD) ont lancé un appel à candidatures afin de former les DDH à une collaboration efficace avec la CADHP. Cette initiative s'appuie sur les discussions qui ont eu lieu lors d'un événement parallèle à la 83e session de la Commission africaine en avril dernier, qui a présenté le nouveau cours en ligne de l'ISHR sur le système africain des droits humains. L'appel a suscité plus de 700 candidatures, parmi lesquelles - en raison de contraintes financières - 16 DDH ont été sélectionnés.

Les participants sélectionnés se sont réunis à Banjul, en Gambie, pendant deux jours et demi de formation, suivis de trois jours au Forum des ONG organisé par le Centre africain d'études sur la démocratie et les droits de l'homme, et ont participé à la 85e session de la CADHP, créant ainsi une expérience holistique et marquante. Ils provenaient de nombreux pays, notamment le Bénin, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, le Kenya, Madagascar, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, l'Afrique du Sud, le Togo, la Tunisie, l'Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe, ainsi que plusieurs autres pays qui doivent rester anonymes.

Au nom de tous les participants, je tiens à exprimer notre sincère gratitude à l'équipe. Nous apprécions sincèrement le temps et les efforts que vous avez consacrés à la planification, à la coordination et au bon déroulement des sessions et des activités, ainsi qu'à l'accueil et à l'ambiance générale en Gambie. Cet événement nous a non seulement permis d'élargir nos connaissances et nos compétences, mais aussi de nouer des liens précieux et de créer des souvenirs que nous chérirons longtemps. - Un participant originaire du Rwanda

Le travail de plaidoyer des DDH couvre les droits des femmes, les droits des personnes LGBTIQ+, la justice environnementale, la lutte contre la traite des êtres humains, la protection de l'espace civique, les droits au logement et la défense des DDH. Beaucoup sont des figures de proue au sein de leurs mouvements nationaux respectifs.

Au cours de la formation, les participants ont échangé leurs expériences et leurs bonnes pratiques, tout en approfondissant leur compréhension des principaux mécanismes de la CADHP, notamment les processus de Rapports nationaux et de Rapports parallèles, et les mécanismes spéciaux.

Ils ont rencontré le personnel de la CADHP et ont eu des discussions constructives avec les commissaires Hatem Essaiem et Remy Ngoy Lumbu. Le journaliste gambien et éminent défenseur des droits humains Fabakary Ceesay a également partagé son histoire en tant que militant en exil, décrivant comment la CADHP a joué un rôle pour documenter son cas et d'autres sous l'ancien régime.

Un élément clé de la formation était axé sur la sécurité et la protection, tant en ligne que hors ligne, avec la contribution d'experts de FLD spécialisés dans la prévention et la réponse aux représailles.

Cette formation nous a ouvert les yeux à bien des égards en tant qu'organisation locale. Je vais continuer à diffuser ces connaissances et demander le statut d'observateur. - Un participant originaire de Zambie

À travers des exercices basés sur des scénarios, les participants ont élaboré des arguments de plaidoyer, qu'ils ont ensuite utilisés lors du Forum des ONG et lors de la session de la CADHP, en nouant des contacts avec des acteurs régionaux et en contribuant aux discussions sur le thème choisi cette année par l’Union africaine: «La justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce à des réparations ». Chacun d'entre eux s'est vu attribuer des « défis à relever » pendant le Forum, qu'il s'agisse de poser des questions pendant les tables rondes ou de discuter avec au moins 5 nouvelles ONG !

Trois participants ont également pris la parole lors d'événements parallèles officiels, renforçant ainsi leur plaidoyer sur des questions nationales et régionales :

  • Claver Touré (Alternatives Côte d’Ivoire) a évoqué le rôle de la famille en Afrique et les implications des réformes juridiques sur les libertés individuelles.
  • Idah Muli, survivante kenyane et fondatrice de l'organisation Arise and Thrive Africa, a partagé son point de vue sur les expériences des victimes lors d'un événement consacré aux disparitions forcées et aux réparations.
  • Christopher Opio (Ouganda) a mis en avant la responsabilité des entreprises en matière de droit de l’environnement lors d'une table ronde sur les disparitions forcées, les terres et les ressources naturelles, dans le cadre du lancement d'une étude novatrice du Groupe de travail des Nations unies.

Tous les participants ont également pris part à des consultations avec les expertes du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires, Ana Lorena Delgadillo Pérez et Aua Baldé, qui préside le Groupe.

Plus qu'une simple formation, cette expérience a favorisé la création d'un solide réseau de solidarité entre les DDH et a inspiré un engagement durable auprès de la CADHP.

L'ISHR et FLD s'engagent à continuer de soutenir ces activistes alors qu'ils renforcent leur action de plaidoyer tant dans leur pays qu'au cours des prochaines sessions de la Commission.